Le dernier mois de voyage se déroule principalement en Afrique du Sud. Ce trajet de 6800 km , va rallier la Namibie à Cape Town en passant par Johannesburg, le Swaziland et le Lesotho :
Ayant quitté le groupe mercredi 8 novembre, nous avions 2 jours pour parcourir 1600 km sans dépasser les 80 km/h et en s’arrêtant et redémarrant dés que le turbo faisait des siennes …..

Pari réussi ! Arrivée à Jo’burg vendredi matin à 9 heures et nouveau turbo installé dans la journée. On n’aura même pas à laisser la voiture au garage. L’ouvrier a été si consciencieux qu’il a « écouté » au stéthoscope le nouveau turbo ….
Nous avons donc l’esprit libre pour visiter cette immense agglomération ( plus de 5 millions d’habitants ) très riche dans son histoire. A ce propos, je vous conseille de lire les 2 tomes du livre Alliance, de James Michener qui parle de la découverte de l’Afrique du Sud jusqu’à nos jours. Ce qui est d’autant plus étonnant pour nous, c’est que nous passons dans des bourgades citées dans le livre et que nous retrouvons partout des noms propres de ces familles sur, des bouteilles de vin, des noms d’avenues, d’ entreprises…..
Tout commence en 1886, au moment de la découverte de filons d’or sur ce qui n’était à l’époque qu’une zone rurale. Des milliers de chercheurs d’or viennent du monde entier, mais très vite on s’aperçoit qu’il faut le chercher en profondeur. L’exploitation se concentre alors entre les mains des riches magnats du diamant. Ils emploient à bas prix cette population cosmopolite qui est sur place.

Les ouvriers étaient logés et nourris sur place, on voit toujours ces petites maisons proches des mines mais à une vingtaine de kilomètres de la ville, qui ont formé les premiers ghettos. Arrivés par l’autoroute longeant Soweto, on est tout de suite mis au parfum par un panneau disant « Risques d’agression importants »
La ville s’étend de plus en plus, l’industrie facturière se développe, les noirs affluent en quête de travail. La ségrégation raciale mise en place entre les deux guerres donne naissance à d’immenses bidonvilles, car les Blancs veulent garder pour eux les terrains les mieux exposés. Ils déplacent alors tous les gens de couleur, exproprient les commerçants (souvent indiens) et détruisent à coups de bulldozer leurs maisons ….
Pour rendre la ville plus agréable, ils vont planter plus d’un millier d’arbres, certains venant d’Inde d’autres d’Amérique du Sud.

Au musée de l’Apartheid, nous avons appris entre autre que Gandhi a vécu 20 ans en Afrique du Sud où il a fait ses études d’avocat. Il y a également subi la discrimination ce qui l’a incité à entrer en politique. Il fut le mentor de Mandela.


De superbes Mall, avec restaurants et nombreux magasins. Beaucoup de grands arbres, de nombreux parcs et de superbes villas, entourées de grands murs avec barrières électrifiées.
Ce qui m’énerve particulièrement à chaque fois que je le vois, et ce depuis notre arrivée en Namibie, c’est le panneau « right of admission reserved » que l’on voit partout : restaurants, magasins mais aussi bibliothèques, coiffeurs, etc ….
Pour conclure, car je ne peux vous raconter toute cette histoire si actuelle, Jo’Burg est la seule grande métropole qui ne possède ni rivière, ni bord de mer ou de lac, enfin qui n’aurait jamais du être là …. Sa situation à plus de 1700 m d’altitude lui confère cependant un climat très agréable. Ces 4 jours forcés en ville ne nous ont pas déplu malgré notre préférence pour la nature sauvage ….
Après une étape de liaison pour s’éloigner de Jo’burg, nous nous arrêtons à Pilgrim, ancienne ville minière qui a été conservée intacte. Très beau petit village malgré les trop nombreux touristes. On y visite le vieux garage, l’hôtel et son bar, la quincaillerie/droguerie, etc ….

Nous poursuivons ensuite notre route pour entrer, en début d’après-midi, dans le dernier parc au programme, le Kruger, sans doute le plus connu de tous, mais pour nous, pas forcément le plus beau. Nous y passerons 2 nuits. Après ce que nous avons vu au Kenya, nous devenons très exigeants !!!!
Mis à part les classiques éléphants, girafes, koudous et gazelles diverses, nous restons sur notre faim le premier jour …
Le lendemain jusqu’à 10 heures du matin, idem. Il faut dire qu’il a beaucoup plu ces derniers temps et que le parc n’a jamais été aussi vert. Alors le coup du point d’eau où on est sûr de voir du monde ne marche plus ….
Et tout à coup, devant nous sur la piste, nous rencontrons une meute d’environ 12 lycaons (ou chiens sauvages). C’est d’autant plus surprenant qu’il est très rare d’en voir, ne serait-ce qu’un …. Nous pouvons les suivre un moment et bien en profiter. Le moral est déjà bien meilleur !

Nous poursuivons notre circuit un peu monotone, rencontrons un beau crocodile bien exposé pour la photo, de nombreux éléphants ( un peu agressifs tout de même, ils barrissent à notre passage) et de majestueuses girafes. Il est 13 heures, nous sommes à 4 km du camping et Jean-Louis se réjouit déjà du bon déjeuner qu’il va faire et de la grosse sieste bien méritée qui l’attend.
Nenni !!! Nous apercevons tout d’abord à une centaine de mètres de nous, un groupe de 4 rhinocéros. C’est déjà un exploit, les rhinos étant assez rares dans les parcs.
Puis, au détour de la piste, deux superbes spécimens nous bloquent le passage : madame prend son bain de siège dans une grosse flaque et Monsieur monte la garde ….
De part et d’autre du couple, deux voitures de tourisme attendent …. Nous prenons de multiples photos mais au bout de 10 minutes, nous tentons de passer. Par 2 fois, JL avance un peu et le mâle se tourne vers nous, baisse la tête pour bien nous montrer son énorme corne et nous regarde bien fixement, nous disant « vous ne passerez pas ».
L’auto devant nous fait demi tour, je leur demande depuis combien de temps ils sont là ; réponse : 1 heure … Nous faisons de même et en reprenons pour 25 km !!!!

Le lendemain matin, nous repassons leur faire coucou, la piste est libre mais les 4 premiers sont toujours visibles à proximité. Un peu plus loin, un énorme troupeau d’éléphants broute de part et d’autre de la piste ; nous sommes premiers et après avoir intimidé un récalcitrant, nous passons. François juste derrière devra attendre un peu car celui-ci le fait d’abord reculer, menaçant, pour ensuite s’intéresser à autre chose.
En conclusion, on se souviendra tout de même de cette visite.
Ce sont des rhinocéros blancs que nous avons vus. Connaissez vous la différence entre les noirs et les blancs ? Je vous le dis tout de suite : ce n’est pas la couleur de leur peau.
Voici un montage permettant de distinguer les deux types de rhinocéros : à gauche le noir, à droite le blanc
Après le parc Kruger, nous nous rendons au Swaziland. C’est un petit royaume indépendant qui compte environ 1,5 million d’habitants, où la polygamie est autorisée. Il est cerné de 3 côtés par l’Afrique du Sud et à l’Est par le Mozambique. Ils ont même leur propre monnaie ! elle est équivalente au rand sud africain mais il faut faire attention : le rand est accepté mais si on paie avec un gros billet, la monnaie sera rendue en « lilangenie », inutilisable en ADS.


Seule différence notable : il y a des bananiers, des cases rondes appelées rondavelles et l’on voit quelques singes et impalas. Mais aussi de nombreuses scieries, économie principale du pays et des maisons multicolores.

Sortie du Swaziland dans l’après-midi du 19 novembre. Nous passons la nuit dans un camping en ADS où la wifi marche très bien. Chacun peut prendre des nouvelles de sa famille avant de repartir vers des contrées plus isolées. Nous faisons un crochet par le lieu de capture de Nelson Mandela. Il y a un petit musée racontant son histoire mais aussi une sculpture surprenante : vue de loin, je regrette de ne pas avoir fait la photo, ce sont de long piquets verticaux métalliques. Mais quand on s’approche, il y a un unique endroit d’où l’on voit le visage de Mandela. Chapeau l’artiste !

Après une étape de liaison par le goudron, nous voilà au pied du Lesotho. Ce deuxième petit royaume enclavé dans l’ADS est tout de même une monarchie constitutionnelle ….Ils ont aussi leur monnaie, le « noti », même histoire pour le change …. Avec environ 2 millions d’habitants, c’est un pays très pauvre car très montagneux. Pas de forêts, seules quelques cultures dans une riche terre noire sur de petits champs en terrasses. C’est en fait le pays qui a une moyenne d’altitudes la plus grande au monde. Ses vallées les plus basses sont à 1400 m et ses sommets les plus hauts culminent à 3482 m.
Nous montons la Sani Pass, seule piste permettant d’y pénétrer par l’Est. Nous passons de 1600 m d’altitude à 2880 m en l’espace de 18 km. La température passe de 30°C à 21°C …

De superbes paysage à nouveau que nous avons tout le temps d’admirer car la pente est très forte et nous devons monter en courtes. La piste se termine par une série de lacets très serrés et nous débouchons alors sur le petit poste de douane que nous passons très rapidement.
Les 3 jours qui suivent vont se dérouler entre 2300 m et 3500 m d’altitude. On monte et on descend par des pistes de qualité très variable, les pluies fortes mais soudaines et brèves ravinent beaucoup le terrain. Des canyons où coulent de belles rivières, et au-dessus des hautes montagnes pelées où nous circulons. Cela permet de faire de très belles photos.
Il fait assez froid car le vent souffle fort. Les habitants se protègent tous avec de grandes couvertures en laine mohair qui les protègent aussi de la pluie. Il en est de même des enfants, des cavaliers, des cultivateurs.
Le premier jour, nous assistons à la tonte des moutons. Une équipe d’une dizaine de spécialistes nous accueillent, posent pour les photos, …. Une rencontre très amusante.

Et pendant ce temps là, une équipe s’affaire pour le déjeuner. Au menu, méchoui bien sûr !!!!
Première nuit dans la fraîcheur mais dans un cadre magnifique qui nous fait oublier cet inconvénient.
Nous nous arrêtons aussi dans une école pour leur donner ballon de foot, stylos et crayons. J’avais amené d’anciennes lunettes de vue, je suis sûre que l’institutrice en fera bon usage. On leur laissera aussi des seringues pour le dispensaire qui est proche.
Maryline et Bruno nous ont proposé un superbe choix de pistes que nous parcourons avec grand plaisir.

Nous dormons à côté d’un lac de barrage dont l’histoire est intéressante. Il pleut beaucoup au Lesotho, les rivières sont souvenus hautes, même dans des lieux désertiques. Ils ont construit au Lesotho deux barrages, avec l’aide sud africaine, reliés entre eux par un tunnel souterrain de 35 km où l’eau peut s’écouler dans les deux sens en fonction du niveau des eaux. Par un second tunnel qui fait 45 km de long, ils peuvent ainsi alimenter en eau un autre réservoir, mais qui cette fois ci est en Afrique du Sud, et qui permet d’alimenter en eau la région de Johannesburg et Pretoria.

Le deuxième jour, superbe trajet qui sillonne entre cols élevés et fonds de canyon. Piste parfois très étroite mais qui passe aussi par des mines de diamants. On y a même croisé des semi-remorques apportant du gasoil mais aussi des tracto-pelle. Chapeau aux chauffeurs car vu les dénivelées … Par moments, on a bien dû avoir du 16%.
Et pour finir la journée, une petite boucle d’un chemin peu carrossable où l’on a passé de nombreux beaux gués, d’une profondeur intéressante …
Nous dormons le soir à Afrisky, station de sports d’hiver à 3200 m d’altitude fréquentée bien évidemment par les Afrikaners. Il y a 3 pistes de ski qui portent des noms comme Megève, Courchevelle … mais elles ressemblent plutôt à celles du Champ du Feu, dans les Vosges ….
Nous poursuivons notre circuit au Lesotho par un bref passage dans la plaine, à 1600 m d’altitude tout de même, avant de retourner dans ces belles montagnes. Pour mon grand bonheur, enfin un site de peintures rupestres, malheureusement en mauvais état. Elles datent de l’époque San, il y a environ 5000 ans.
Nous entamons alors notre dernière grande piste du voyage : elle nous mène au plus haut sommet du Lesotho, à 3000 m d’altitude que nous franchissons après une longue et difficile montée, parfois très cassante, avec de nombreux lacets. C’est là également que Jean-Louis, pour ne pas contourner un passage délicat, va se planter en beauté dans une grande mare profonde et peu ragoûtante, d’où il ne pourra sortir qu’au treuil …. Nous aurons même un spectateur ….
Ce jour là, nous dormirons sur les crêtes, une roue au Lesotho, l’autre en Afrique du Sud.
Il ne nous reste plus qu’à descendre de nos montagnes, profiter encore un peu de ces paysages splendides, de ces habitants hauts en couleurs et rejoindre à nouveau la civilisation moins pittoresque d’Afrique du Sud.
Nous sommes un dimanche, c’est jour de fête : les cavaliers et leurs admirateurs sont prêts pour la course …
Après le passage de la frontière, les courses et les pleins dans la petite bourgade de Matatiele, nous attaquons une nouvelle piste, en assez bon état, qui va nous mener au plus haut col d’ADS (2596 m). On le voit au loin, perdu dans les nuages …. Nous dormirons un peu plus bas, dans un charmant village nommé Rhodes, où l’horloge du temps semble s’être arrêtée. Nous fêtons là l’anniversaire de Jean-Louis avec un délicieux repas, comme il se doit. Il fait 4°C le lendemain au réveil …. Heureusement, nous avons tous le chauffage.
Nous sommes lundi 27 novembre et nous allons passer rapidement de 2000 m d’altitude à 0 m, au bord de l’Océan Indien, à Morgan Bay. Température un peu plus clémente que tout là haut, mais pour le moment on plafonne à 23°. Il faut se rappeler que nous sommes au Sud du continent Africain, ce ne sont pas les courants chauds du canal de Mozambique .
Pour y arriver, nous traversons une embouchure de fleuve sur un petit ferry qui n’accepte qu’un 4X4 à la fois ….
Nous entamons notre dernière semaine en ADS, roulons plein Ouest pour rejoindre La Cap avec tout de même quelques incartades sur des pistes de montagne. Nous avons même la surprise de voir, depuis l’autoroute …. un éléphant !!! non, nous n’avons pas rêvé, mais il y a de nombreux petits parcs privés qui accueillent les visiteurs de tous horizons.
Notre camping, pour cette étape de liaison est judicieusement choisi à Colchester : au bord de l’Océan Indien, le long d’une rivière qui nous sépare de belles dunes. Un paysage de rêve.
Nous passons Port Elisabeth et nous dirigeons vers le Grand Karoo, de belles montagnes à nouveau que nous parcourons par les pistes, en traversant le Parc Naturel de Baviaankloof. Pour voir des animaux, il faudra repasser….Mis à part les singes, une tortue et deux gazelles …
De très beaux paysages, surtout que nous faisons plusieurs cols dont La Prince Albert Pass et Montagu Pass par des pistes plus ou moins roulantes, mais toujours impressionnantes.

Nous arrivons enfin à Oudtshoorn, capitale de l’autruche. On voit, en traversant la ville, de nombreux vendeurs de plumeaux, de toutes tailles et couleurs.
Nous allons également visiter une ferme d’autruches. Ils élèvent ces oiseaux, venus d’Afrique du Nord il y a bien longtemps, pour leur viande, leurs œufs et leurs plumes. Nous apprenons entre autre que les femelles pondent tous les 2 jours pendant la période où elles sont fécondes. Au bout d’une quinzaine d’œufs elles arrêteraient (maximum pour pouvoir couver ….) mais à la ferme, ils les mettent en couveuse au fur et à mesure, et par conséquent, elles continuent jusqu’à une quarantaine ….
Le guide nous dit qu’elles sont très bêtes puisque leur œil est plus gros que leur cervelle ….
Cactus assez curieux
Nous décidons de faire une omelette d’œuf d’autruche : celui-ci pèse 1,5 kg et remplace 24 œufs de poule. La coquille a 3 mm d’épaisseur et pour récupérer le contenu sans briser la coquille, Jean-Louis va utiliser sa perceuse.

Sur la photo ci-dessous, dans l’œuf éclairé, la partie sombre montre la taille de l’embryon. Quand le poussin est grand, on ne voit presque plus de lumière. Pour casser sa coquille, il mettra une dizaine d’heure à moins d’être aidé …..
Et parce que nous en voulons encore plus, Maryline et Bruno nous rajoutent un petit challenge : la piste descendant à Die Hell, l’Enfer, sur environ 50 km …. En effet, la fin surtout est assez dangereuse car étroite avec une forte pente et plusieurs lacets très serrés. Nous mettrons 2 heures pour y aller. Et demain, il faudra remonter …. Pourvu que nous ne rencontrions personne …
Après cet épisode, nous continuons notre route et nous arrêtons à Warmwaterberg. Comme son nom l’indique, il y a des piscine d’eau chaude, très chaude …. Nous nous y baignons bien sûr. Une petite halte aussi chez Ronnies’ Sex Shop, connu dans la région. C’est un café un peu spécial …. Nous y boirons un Rock Shandy, le temps de faire le tour … Pas de photos ….
Le lendemain, nous sommes à Franschhoek, vous savez, la « ville des français ». En fait, les Afrikaners ont fait appel aux Huguenots qui fuyaient l’Europe, au XVII ème siècle, pour y planter et cultiver les premières vignes. Il y a des caves de partout mais aussi un musée fort intéressant sur cet épisode de leur histoire.
Demain, dégustation et achat de vin bien sûr avant de rallier le Cap où nous allons passer 4 jours, le temps de ranger le 4X4, de visiter et d’empoter notre « casa rodante ».
Quelques dernières photos, pour le plaisir :




Et nous attendons avec impatience le retour de notre fidèle compagnon de voyage pour de nouvelles aventures …..