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Mauritanie, Mai 2023

Suite au Covid, nous avons dû interrompre notre dernier raid Mauritanien en 2020 ( voir article Mauritanie 2020 ). Nous ne pouvions pas rester sur cet échec. C’est pourquoi nous y sommes retournés avec la ferme intention de le finir.

Cette année nous ne sommes que deux équipages. Nous retrouvons Guy et Sophie à Sète, avec leur fidèle land-Rover, pour embarquer sur le ferry qui nous déposera à Tanger.

Longue attente comme toujours

On fête le début du voyage sur le bateau avec un bon apéro, premier d’une longue liste …..

Nous avons décidé de parcourir les 2360 km de route au Maroc le plus rapidement possible mais il faut tout de même compter un peu plus de 4 jours !

Le premier bivouac, à 200 km du port, en bord de mer et de dunes, est superbe.

Nous reprenons nos marques, installons tables et chaises, …. la routine quoi !

Sauf que vers 19 heures, un militaire vient nous déloger, expliquant que nous sommes en zone militaire et ne pouvons pas rester ! Bienvenue au Maroc rajoute-t-il !!!

Nous rangeons tout et trouvons un autre lieu de bivouac, loin de la mer. Nous serons confrontés à ce problème sur toute la côte marocaine. La crainte de migrants débarquant dans le pays est une obsession pour l’armée et la police.

On s’installe sous les eucalyptus pour le 1er soir au Maroc.

Passé Casablanca, nous trouvons déjà des paysages désertiques de toute beauté.

Jean-Louis et Guy sont ravis !

Le 3ème jour, après avoir été à nouveau chassés du bord de mer (nous sommes têtus, le saviez-vous ?), nous avons le droit de dormir au bord de la Lagune de Nayla, moyennant un modeste écot pour le parking ….

Nous poursuivons notre descente plein sud et commençons à longer le bord de mer. Nous sommes bien au sud d’Agadir et de Layoune.

Les arbres se font rares, mis à part dans les oasis ….

Nous nous abritons à midi à l’ombre de panneaux solaires ….

Finies les 4 voies, la route devient plus étroite et il faut rester prudent ….

On dirait que les petites villes marocaines du sud participent à un concours : celle qui aura la plus belle entrée. Poissons, dromadaires, on voit de tout. En général, en rapport avec l’activité du village … Mais ici, à Boujdour ???

Les contrôles sont de plus en plus fréquents, nous essayons de bien nous cacher pour la nuit ….

Ce qui n’a pas empêché des militaires de nous trouver …. On a pu rester, après vérification de nos passeports.

Nous approchons du but, à savoir la frontière Mauritanienne. Nous faisons une pose à Daklah dans un petit restaurant de poissons que nous aimons bien. Ceci nous permettra de bivouaquer à une centaine de kilomètres de la frontière où nous nous présenterons tôt le lendemain matin.

Et c’est le dernier bivouac marocain dans un paysage lunaire ….

Mardi 2 mai, à 9 heures du matin, nous retrouvons notre guide Sidi et son chauffeur Mohamed à la frontière Mauritanienne.

En principe, on ne prend jamais de photos à une frontière. Celle-ci est volée ....

Deux heures pour faire les visas alors que nous étions les seuls, à cause d’un internet aléatoire … Mais nous y sommes et c’est avec grand plaisir que nous entamons ce périple de 2300km, principalement par les pistes (ou hors piste comme vous le verrez !).

Comme le montre la carte, rapidement nous longeons la voie ferrée du Train du minerai qui relie le port minéralier de Nouadhibou à la grande mine de fer à ciel ouvert de Zouerat.

Il circule sur une ligne à voie unique, longue de 704 kilomètres. Sa longueur peut atteindre 2,5 km et il est composé d’environ 200 wagons. Dans une journée, il y a 4 trains dans un sens et 4 dans l’autre. Il y a deux gares qui permettent aux trains de se croiser.

Et déjà, voilà le train qui arrive !

Peu de temps après son passage, une petite draisienne fait son apparition. Un wagon peut peser jusqu’à 84 tonnes . Il faut donc vérifier que les rails sont toujours en bonne place pour le train suivant ….

Un peu plus loin, nous quittons le goudron et piquons en hors piste, plein Est. Rapidement, un paysage de barcanes (petites dunes clairsemées) s’offre à nous.

Un peu de végétation apparaît. Il a beaucoup plu ces derniers temps et nous verrons, avec surprise, un désert plus vert que d’habitude. Ce qui n’est pas pour déplaire aux dromadaires ….

Le lendemain, surprise. Un garage au milieu de rien. Un peu miteux me direz-vous mais cela peut servir …

A quoi peut bien servir un Land Rover hors d’usage ? A sécher de la viande de dromadaire pardi !!!

Nous poursuivons notre chemin parmi les chameaux (hé oui, en Afrique du Nord, on dit bien chameau à la place de dromadaires …) et les dunettes .

Nous franchissons un col !

Il fait déjà très chaud. Sidi nous propose de s’arrêter à midi au frais chez l’habitant, dans le village autour de la 1ère gare. Nous ne repartirons que vers 15h quand la chaleur sera moins pesante …. On ne se fait pas prier !!!

Avec nos vieux os, nous voilà obligés d’apporter tables et chaises ……

L’ accueil est chaleureux ; le chef de famille nous prépare le thé. J’avais déjà remarqué que, la plupart du temps, ce sont les hommes qui font le thé. Il faut dire qu’en général on voit cela au bivouac. Mohamed par exemple allume le feu avec un minimum de bois et, plusieurs fois par jour, il nous a préparé pendant tout le voyage un thé délicieux.

Nous faisons tous la sieste

Puis nous nous rapprochons de la voie ferrée que nous longeons à nouveau. Nous voyons un curieux train composé de 2 wagons seulement et qui avance en faisant des étincelles.

Sidi le rattrape et nous fait une superbe vidéo tout en nous expliquant qu’il s’agit d’un engin qui rectifie le profil des rails usés par le poids des convois. Etonnant non ?

Après cette journée bien remplie, nous traversons la voie et rejoignons le Monolithe Ben Amira (le plus grand, à droite) au pied duquel nous allons passer la nuit.

Très impressionnant quand on s’arrête juste en-dessous ….

Lorsqu’on observe le campement de Sidi et Mohamed, on comprend pourquoi ils sont bien plus légers que nous !!!

Au matin, les couleurs ont à nouveau changé. Nous prenons le petit déjeuner entre nous deux, comme d’habitude, le temps d’émerger d’une bonne nuit de sommeil.

Au revoir, Ben Amira …

En route vers le Monolithe Aïcha. Ben Amira est le troisième monolithe au monde après Uluru et le mont Augustus, tous deux situés en Australie. Une légende locale raconte que  Aïcha était la femme de Ben Amira. Répudiée, elle s’est installée à quelques kilomètres de son ex mari, accompagnée de sa servante.

Non seulement le paysage est superbe

Mais en plus, on peut y admirer des sculptures exécutées in situ par des artistes du monde entier en Janvier 2000. Sidi nous explique tout cela. Il fait très sérieux !

Nous passons entre les deux monolithes et poursuivons notre route dans un paysage somptueux.

Voilà le programme : Sur la photo qui suit, on voit au loin les monticules où nous devons arriver. Pour cela, on s’engage dans une zone de dunettes qui paraît plane mais qui va nous réserver des surprises et du travail !!!

C’est parti !

On roule tranquillement et soudain, un dénivelé que nous n’avions pas vu et nous voilà dans une position inconfortable. En effet, selon l’heure, on ne voit plus du tout les reliefs. Nos anges gardiens, Guy et Sophie, se positionnent pour nous tirer de ce faux pas.

Cela a l’air d’être plat, et pourtant ….

Le land rover tire, tire mais nous sommes bien plus lourds que lui !!!!

Nous ne bougeons pas et c’est Guy qui se retrouve tanké à son tour ….. Grâce aux plaques, il arrive à sortir le véhicule du trou pour se replanter un peu plus loin, juste dernière nous qui n’avons toujours pas bougé !!!! C’est le sable Mauritanien, plein de surprises.

Et ainsi de suite, tout en progressant dans la bonne direction, on se tire mutuellement !!!

Nous avons beaucoup travaillé ce matin là et c’est avec plaisir que nous retrouvons la piste. Il fait très chaud et nous nous abritons à midi dans une cabane qui nous tend les bras.

Après le déjeuner, nous dépassons la petite ville de Choum pour nous rendre au Tunnel Charles de Gaulle. Le président l’a fait construire en 1962  pour ne pas avoir à payer de taxe pour le passage du train  sur une très petite portion de territoire Espagnol. Ce tunnel mesure environ deux kilomètres de long.

De l’autre côté du tunnel, un paysage très différent s’offre à nous.

Nous poursuivons notre route jusqu’au bivouac du 4 mai, au pied de petites barcanes.

Nous assistons tous les soirs à des couchers de soleil merveilleux. Je ne résiste pas à celui-ci …

Le lendemain, retour progressif dans le sable avec les quelques plantages habituels qui suivront …. On voit au loin les dunettes qu’il faudra traverser.

Puis c’est au tour de Guy de passer. Les plaques ont été laissées sur place au cas où ….

Et ainsi de suite, on passe la matinée à jouer dans le sable … Il nous aura fallu 2 heures pour parcourir 18 kilomètres. Un peu plus loin, nous nous apercevons que nous sommes un peu en altitude , en haut d’une falaise .

Il y a bien une trace qui descend dans le fond mais c’est pour les ânes et les chameaux. Nous avons encore du chemin pour descendre jusqu’à Atar. Dés qu’un puits se présente, nos amis font les pleins d’eau.

En s’approchant d’Atar nous traversons quelques petits villages nichés dans une palmeraie, essentielle pour permettre l’habitat. Petites mosquées, maisons de torchis ou en paille …

En arrivant à la grande ville, Atar, la rue commerçante grouille de monde. Nous pouvons y faire quelques courses comme du pain, des fruits et légumes, des boissons et même des yaourts qui ne nécessitent pas de frigo …

Vue l’heure tardive , nous décidons de passer la nuit dans le jardin de la chambre d’hôtes de Sidi. Un petit havre de paix dans cette ville animée. Merci Sidi. De plus, c’est l’anniversaire de Sophie que l’on va fêter dignement !

En quittant Atar, Sidi nous montre un site exceptionnel. Ce sont des algues fossilisées qui ont 8 milliards d’années.

Notre objectif aujourd’hui est de rejoindre la passe d’Amojar par l’ancienne piste qui n’est plus utilisée. Sidi ne la connaît pas et ma trace a été préparée uniquement sur une carte. On va bien y arriver ! Les paysages sont variés et splendides.

La montée commence parmi de nombreux rochers. La piste disparaît par moments mais on finit toujours par retrouver le passage.

Nous sommes dans le fond de la vallée et la piste remonte un canyon de plus en plus étroit. Au détour d’un virage, une corde barre le passage. Nous l’ouvrons puis la refermons tout en s’interrogeant de son utilité.

Après le dernier lacet, nous arrivons à Fort Saganne et là, nous comprenons : la passe d’Amojar, très étroite est en train d’être cimentée ! Le béton étant tout frais, les ouvriers nous annoncent qu’on ne peut pas passer avant demain matin ….

On s’installe près du fort, quelques photos, déjeuner et grosse sieste …. chacun à sa façon.

Sophie, Guy et Jean-Louis
Sidi dont on ne voit que les jambes et Mohamed

Vers 16 heures, Sidi enfile sa gandoura blanche et va voir l’avancée des travaux. Après discussion et négociation, on nous autorise à passer à 17h !

Il y a une marche à franchir et, plus loin, ils ont mis des plaques en métal sur les parties encore fragiles.

Et c’est parti ! Nous roulons sur un grand plateau rocheux.

Nous recherchons le bivouac dans un superbe paysage, au soleil couchant.

Malgré tous ces rochers, le sol est sableux et mou. Un grand classique : le plantage du soir !!!

D’abord Guy qui s’en sort seul avec ses plaques
Mohamed dégage des rochers pour que nous puissions passer à côté

C’est parti

Reste plus qu’à s’installer et profiter du moment

Et comme on a fait une longue sieste, on veille un peu ….

Le lendemain, nous rejoignons l’oasis de Mheireth, renommée pour ses dattes. Elle est très peuplée, sa traversée est longue.

Les petites huttes rondes ressemblent à ce que l’on voit en Afrique noire ….

Nous voilà de l’autre côté du village sur une piste de plus en plus étroite.

Débouchant dans un oued, nous ne savons plus où regarder tellement c’est beau.

Et c’est là que Sidi nous prépare une surprise.

Ce sont bien des roseaux que l’on voit lors de la petite marche où il nous emmène .

Et plus loin, nous restons sans voix.

Allez, une dernière photo de cette guelta inattendue et paradisiaque.

Nous rebroussons chemin, passons au-dessus du village et poursuivons la traversée de cette zone montagneuse.

En gros, nous nous dirigeons plein sud, vers le bivouac 11 de la carte qui suit.

Nous descendons jusqu’au fond d’une vallée étroite et sableuse.

Le sable est bien mou, entre dune et falaise. Superbe paysage mais on ne peut pas s’arrêter, au risque de devoir sortir les plaques pour repartir et de bloquer Guy qui suit !

Nous débouchons dans un fond d’oued.

Sidi nous attend au pied de concrétions calcaires étonnantes.

Dommage qu’il soit trop tôt pour le bivouac !!!

Plus loin, déjeuner puis sieste sous un acacia.

Mais comme il y a beaucoup de piquants sous un tel arbre, Sidi fait la sieste sur le haillon arrière de son véhicule.

Nous longeons l’oued El Abiod dont le nom signifie « vallée blanche« . Le sable clair part à l’assaut des montagnes sombres. Du sable à perte de vue, des falaises sombres, quelques palmeraies ici et là…

Un ensemble grandiose dont les couleurs changent au fil du temps. Surprenant dans ce lieu isolé, quelques huttes .

Par moments, nous devons traverser des champs de dunettes toujours aussi molles …. Cette fois-ci, les trois véhicules sont plantés ! c’est à pied que je repère le meilleurs tracé pour nous en sortir ….

Après la traversée d’ une palmeraie, nous prenons de la hauteur. La suite du programme s’offre à nous.

Il ne nous reste plus qu’à descendre et profiter de ce spectacle époustouflant.

Quelques habitants, toujours à pied, laissent présager de la proximité d’un village.

Comme eux, nous faisons le plein d’eau au puits, surtout pour la douche.

Nous avons eu une longue journée et faisons bivouac dès la sortie de l’oued, un peu en hauteur.

Le dîner se termine à la nuit et nous pouvons admirer un sphasme, pas craintif du tout, installé sur le pneu du land de Guy.

Il a beaucoup plu l’an dernier et l’on rencontre des « plans d’eau » inattendus. Nous longeons donc pendant un moment un grand lac, incongru au milieu du désert. Et ce n’est pas un mirage !!!

Même Sidi est surpris

Nous rejoignons le goudron pour la première fois depuis notre entrée en Mauritanie. Des dunes de sable envahissent la route qui doit être constamment dégagée.

Nous arrivons à Tidjika où nous faisons les grands pleins et les courses. Tout le monde n’a pas le même mode de transport !

La journée a été longue, bivouac un peu à l’écart.

Nous avons de la visite !

Nous avons quitté l’ Adrar et sommes maintenant dans le Tagant. Il commence à faire très chaud, 45° à l’ombre la journée et une température qui reste autour de 39° la nuit.

Les paysages ont changé, un peu plus d’arbres, un peu plus de rochers noirs et quelques villages.

Nous arrivons à N’Beika, « grande ville » au pied des dunes, très animée par rapport à Tidjika.

Un véritable embouteillage, il faut zigzaguer entre voitures et carioles et ne surtout pas montrer un signe de faiblesse.

Au Sud de N’Beika nous rejoignons la Guelta de Matmata. C’est ici que vit une colonie de crocodiles, vestiges d’un temps où la région avait un climat tropical.

Une heure de piste sableuse d’abord puis dans les rochers pour atteindre notre but.

Il fait vraiment très chaud. Aussi bien les chameaux que les zébus cherchent l’ombre.

Dans la cellule du 4X4 où nous roulons avec la climatisation, nous avons 42° à l’intérieur, alors qu’il fait 56,4°à l’extérieur au soleil .

Sur un vaste plateau de reg caillouteux, une série de petites constructions circulaires, constituées de murets de pierres grossières, de 1,50 m de haut environ. Elles sont dispersées et éloignées les unes des autres de quelques dizaines de mètres. Il s’agit d’un reliquat d’habitat préhistorique nous dit Sidi.

En bord de plateau, il faut continuer à pied. Sidi emporte une grande bouteille d’eau pour nous arroser régulièrement pendant la marche, de 15 minutes environ.

Il fait vraiment très chaud !

Nous y voilà. On surplombe la guelta qui est devenue un grand lac. Ceci ne facilite pas l’observation des crocodiles !

Avec des jumelles, j’arrive à en dénombrer une dizaine, mais, vu la température, ils sont tous dans l’eau donc peu visibles. Désolée pour la mauvaise qualité des images.

Voici une prise de vue suivie du zoom sur le crocodile.

Sophie de son côté arrive à en filmer un. En zoomant la vidéo, on voit bien sa queue qui ondule pour avancer.

Et moi, photographiant un crocodile, en zoomant beaucoup, je vois que j’ai à l’ écran un oiseau qui passait juste devant le reptile. C’est la photo surprise !

Pour mieux les voir, j’ai demandé à mon amie Martine , qui y était il y a quelques années, de me procurer quelques bonnes photos de ces animaux. Merci Martine.

De retour aux 4X4, on se repose au frais, crevés mais heureux.

Sur le chemin du retour, nous voyons le ciel au loin devenir opaque et jaunâtre. C’est une tempête de sable qui avance rapidement vers nous. Nous nous dépêchons de rejoindre le goudron pour ne pas nous égarer.

Elle n’est pas trop forte et nous pouvons continuer à rouler. Pas besoin de s’arrêter, la visibilité est suffisante.

Tempête suivie de quelques gouttes d’eau qui rafraîchissent un peu l’atmosphère. Qui nous permettent de faire de belles photos et aussi d’avoir de l’appétit pour le dîner !!!!

En effet, nous sommes invités ce soir par Guy et Sophie. Afin de ne pas se faire rincer en pleines agapes, nous dînons à l’intérieur. De plus, la température est descendue à 37°, cela fait du bien.

La cuisine est installée pour mettre les petits plats dans les grands !

En apéritif, moules farcies et Americano.

Je ne détaillerai pas la suite mais la soirée fut bien gaie …

Le lendemain, nous entamons notre remontée vers le nord sur des pistes variées et pleines de surprises.

Il est bien évident que ces pistes anciennes ne sont plus utilisées et parfois, on les devine à peine.

C ‘est une région très chaude. Dans les villages traversés, les familles passent la journée sous des abris de toile blanche plus frais que les maisons traditionnelles en pisé.

Les paysages boisés et herbeux, le comportement des habitants dans les villages et les animaux nombreux autour des puits nous font penser à l’ Afrique noire.

Lorsqu’on s’arrête pour trouver notre chemin, nous sommes vite entourés de curieux. Pas pour quémander, juste pour nous observer …

Après une alternance de sable et cailloux, et quelques recherches, nous atteignons le Ksar El Barka.

Ksar el-Barka abrite les vestiges d’une cité historique fortifiée, fondée par les Kunta venus de Ouadane en 1690 et qui s’y sont sédentarisés. On y devine encore les anciennes ruelles et de nombreuses maisons. A l’intérieur de la mosquée on peut admirer d’imposantes colonnes cylindriques qui ne laissaient pas beaucoup de place aux fidèles. Détruite et reconstruite plusieurs fois, la ville fut abandonnée quand cessa le commerce caravanier au XIX ème siècle.

En nous éloignant du ksar, nous nous dirigeons droit sur un tourbillon de sable dû à la chaleur. Le Tagant est bien une région très chaude : il fait 46,5 ° à 15h.

Nous passons tout près et c’est Guy qui va la traverser. Il paraît que ça secoue !! Espérons qu’ils avaient les fenêtres fermées !

Le lendemain, arrivons au puits Jemjiye où nous attend un spectacle extraordinaire.

Tous les animaux de cette région d’élevage, cherchent de l’ombre !

Au bivouac dans la nuit nous entendons des bêlements. C’est une chèvre, couchée sous un acacia, tout seule, qui vient de donner naissance à 3 agneaux. Mohamed la rapproche de notre campement avec ses petits et les aide à prendre leur première tétée.

Dans la soirée, le berger qui la cherchait, attiré par nos lumières nous rejoint et peut emmener la petite famille près du troupeau.

Nous quittons cette zone habitée par des familles d’éleveurs et nous enfonçons plus avant dans une zone vraiment désertique. Alternant, comme on a l’habitude maintenant, pistes sableuses ou non, voire hors piste ; quelques passages de dunes également …

Nous arrivons sur un petit massif montagneux qu’il va falloir traverser. Espérons que notre gros véhicule passera !

De l’autre côté, surprise : un nouveau paysage, vert tendre …

Bien dommage qu’il ne soit pas midi ….

Dés que possible, on s’arrête à un puits, Sidi les connaît tous !!!

La journée du 11 mai se termine par le franchissement d’un erg dans lequel nous décidons de passer la nuit. Il fait toujours extrêmement chaud. Ces derniers temps, nous dormons par terre dehors. Le véhicule met trop de temps à se refroidir . On ne peut plus se doucher en arrivant, l’eau froide des réservoirs est brûlante !!!

On s’installe, comme d’habitude, bien à plat.

Le vent souffle très fort toute la nuit , creusant sous les roues. On n’a pas pu rester dehors mais Jean-Louis se lève plusieurs fois dans la nuit car on sent le 4X4 pencher de plus en plus. IL vérifie quand même qu’il n’y a pas de risque. Au petit matin, nous sommes tous de guingois, même la table !

Le 12 mai, nous traversons à nouveau une zone montagneuse

Dans la vallée, nous retrouvons un puits. Il n’y a personne et il fait tellement chaud !!!

Guy prend la douche, tout habillé

Quant à nous trois, cela ne suffit pas !!! Dans le puits suivant, nous entrons carrément dans l’abreuvoir !

Un peu plus tard, je comprends pourquoi Sidi nous a donné cette belle récréation. Il veut absolument que nous passions encore ce soir le dernier cordon de dunes. Il n’en dit pas plus.

Nous allons franchir la Passe Voum Tiziguit. La consigne est de bien suivre ses traces et de ne pas s’arrêter. Vous en verrez une partie dans la vidéo , c’est un franchissement mémorable Très long et impressionnant. Ce cordon de dunes doit bien faire quelques kilomètres.

En fin de journée nous faisons bivouac de l’autre côté. Ce sera le dernier franchissement du voyage qui en a compris plus d’un !

Nous quittons Sidi et Mohamed le 12 mai et remontons tranquillement vers le Maroc. Un peu de piste d’abord puis une toute nouvelle route déjà envahie par le sable. Approchant de l’ Atlantique, la température a bien chuté, plus que 37° dans la journée et nuits autour de 22°. Cela nous fait un bien fou.

Nous retrouvons à la frontière notre passeur ce qui facilite grandement les choses. Une petite vidéo du « no man’s land » de 3 km qu’il faut parcourir entre les 2 routes goudronnées pour entrer au Maroc.

C’est ainsi que se termine ce magnifique voyage. Nous ne pensions pas pouvoir encore faire un raid aussi sauvage et difficile, il faut le dire. C’est grâce à la gentillesse de Sidi et Mohamed toujours prêts à nous faciliter les choses mais aussi à la grande compétence de notre guide Sidi. Bravo Maryline et Bruno pour ce tracé exceptionnel.