C’est au Portugal que nous avons décidé de passer cette fin d’été. Les 10 premiers jours seront consacrés aux visites « touristiques » et les 10 derniers se feront sur les pistes, dans des contrées plus « sauvages », même si, dans ce petit pays, on n’est jamais seuls bien longtemps ….
Le premier bivouac, dimanche 26 août, a lieu près de St Jean de Luz ; nous décidons de nous restaurer dans son petit port de Ciboure, beaucoup moins fréquenté. Il y a déjà un air d’Espagne : la carte du restaurant est pour nous incompréhensible ! nous avons besoin d’explications !!! mais ce fut délicieux.
Notre dernière étape de transit se termine à Puebla de Sanabria, une petite ville espagnole fortifiée qui possède une superbe citadelle ; mais aussi un petit camping avec une très grande piscine ( c’est la surprise …) qui est la bienvenue avec les 32 ° subis encore à 17 heures.
Nous entrons au Portugal le lendemain par le petit village de Rio de Onor, situé à cheval sur la frontière avec l’Espagne. Les vieilles bâtisses aux toits de lauze et aux murs faits de petites pierres plates entremêlées sont très belles. Un grand silence règne dans ce hameau, la petite route n’étant utilisée que par les locaux …
C’est de Braganza que commence notre périple portugais. Nous parcourons la région du Tras Os Montes, parmi des champs de châtaigniers tout d’abord, puis des oliviers et enfin des vignes dont le raisin donnera le fameux Vinho Verde. Nous traversons de nombreux petits villages qui semblent somnoler ….
Vu la température très élevée, nous décidons de bivouaquer au bord d’un lac où nous pourrons nous baigner. Et l’eau n’est même pas froide !!!
Ce lieu enchanteur promet une nuit bien calme ….. sauf que de l’autre côté du lac, il y a une boîte de nuit !!!….
Nous poursuivons notre route et rejoignons la ville médiévale de Guimaraes qui fut le théâtre de la bataille décisive qui conduisit le pays à l’indépendance, en 1128. Nous parcourons le centre historique avec ses vieilles maisons à balcons, ses églises et son château. Visite qui a beaucoup de charme, c’est pourquoi nous y passons une partie de la journée.
Le soir même, nous dormirons au camping à Porto pour être d’attaque pour la visite du lendemain.
Malgré la taille de cette grande ville, nous avons beaucoup aimé le centre historique de Porto. On s’y sent bien, l’atmosphère y est calme et détendue. Nous avons pris le bus à partir du camping pour arriver dans les hauteurs de la vieille ville, ce qui nous a permis de faire la plupart des visites en descente !!! de nombreuses églises et bâtiments colorés, mais aussi une belle dégustation de portos dans une chocolaterie ….. expérience fort intéressante ….
La façade de la cathédrale Sé date du XVIIIème siècle ; l’intérieur frappe par son ampleur et ses décorations très variées.
Dans le cloître, on peut voir de nombreux azuelos que l’on retrouve également sur le balcon extérieur qui le surplombe.
Le porto était transporté sur de grandes barques en bois qui descendaient le Douro jusqu’à la ville. On peut encore visiter les chais où cette liqueur est toujours fabriquée.
Le pont Luis qui traverse le Douro est aussi appelé le pont Eiffel bien qu’il fut construit par un de ses disciples. Afin de le parcourir sur la partie la plus haute, nous avons pris le métro qui le franchit tout doucement ; et on s’est même offert le retour ….
Nous quittons Porto et remontons la vallée du Douro ; petites routes sinueuses qui montent et descendent tout le temps. De beaux points de vue sur la rivière où l’on voit passer les bateaux de croisière.
Dans le Haut Douro, nous voilà sur la route des vins ; tout d’abord, ce sont les Vinho Verde, que nous dégusterons à midi au bord de l’eau à côté d’une petite plage qui nous invite à la baignade. Il fait 34° tout de même. Une bonne sieste avant de reprendre la route, il faut dire que cela fait déjà deux jours de visites intensives ….
Maintenant, nous parcourons la route du Porto ; nous admirons l’ingéniosité des viticulteurs pour ramasser le raisin dans des terrains aussi escarpés : ils tracent des sentes horizontales espacées de bien 2 mètres et plantent les ceps de part et d’autre de ces couloirs.
Bivouac le soir sur une chaume parsemée de jeunes eucalyptus ; à 19 heures, il fait encore 30° au soleil mais nous avons de l’ombre, comme tout bon campeur !!! visite d’un lièvre, intrigué par la lumière, alors que nous lisions devant le 4X4 ….. Avant de quitter cette belle région, achat d’un bon jambon du pays.
Nous poursuivons notre route le long du Douro, profitons des nombreuses plages fluviales qui s’offrent à nous jusqu’au Parc Archéologique Vale Do Coa. Marqué 3 étoiles dans le guide, on ne pouvait rater cela !!! Après avoir crapahuté deux heures par 35°, je n’ose même pas vous proposer mes photos ! les gravures seraient contemporaines à Lascaux, mais on les devine à peine car faîtes sur une roche très dure et verticale, donc sans peinture pour accentuer le dessin.
Prochaine étape, la Serra da Estrela. Enfin de la piste ! pour être déjà passés dans la région il y a …….14 ans, j’ai l’impression que beaucoup d’entre-elles ont été goudronnées. Nous installons le bivouac à 1260 m d’altitude et passons une soirée et une nuit fort agréables au frais et sans le moindre bruit, comme dans le désert.
Le lendemain, retour vers la civilisation et visite des ruines romaines de Conimbriga.
Ce qui est impressionnant, c’est la grande quantité et la qualité des mosaïques encore présentes qui représentent des scènes mythologiques ou de tous les jours.
Une particularité intéressante : voici le secret de la construction des piliers …..
On y voit aussi les vestiges du palais d’un riche romain, alimenté en eau courante par un aqueduc dont on devine encore les restes.
Nous dormons un peu plus loin, à Tomar, afin d’ être sur place pour visiter dés le matin, à la fraîche, le couvent Do Cristo. Sa particularité c’est que les templiers y établirent là leur maison mère, dans la zone frontière avec le monde musulman.
Visite inoubliable tant par son intérêt historique que la variété et la richesse des lieux .Un vrai labyrinthe … On s’est régalés.
Et bien sûr, cuisine et dortoirs à la même échelle, fort impressionnante pour l’époque. Avec l’eau courante et même un système de chauffage des cellules ….. Quelle ingéniosité !
Continuant notre route vers l’Est, nous passons à Fatima, ville connue pour ses pèlerinages. Autant aller voir ….. Une esplanade immense, des bâtiments modernes …… On y voit quelques pèlerins qui progressent à genoux vers la chapelle ….….
Nous nous arrêtons ensuite dans la petite ville de Batalha, afin d’y visiter son Monastère, construit au XIV éme siècle par Joao I, en remerciement pour sa victoire contre les Castillans. Très beau bâtiment, avec une forte impression de verticalité (32 m de haut) ; on y voit aussi, dans la salle du Chapitre, le tombeau du soldat inconnu, offert par la France, en hommage aux soldats portugais qui ont participé à la Grande Guerre.
Et pour finir cette visite, les «chapelles inachevées », privées de voûte sommitale.
Le lendemain, mardi 4 septembre, nous commençons la journée par la jolie bourgade d’Obidos. De petites maisons blanches et bleues accrochées à la colline, elle-même cernée de remparts, on s’y sentirait bien s’il n’y avait pas autant de monde … Heureusement que les nombreuses ruelles tortueuses ont autant de cachet que la rue principale, sans la foule.
Notre parcours nous mène toujours plus à l’ouest pour déboucher sur l’Océan Atlantique, au niveau de Péniche. Tiens, il est midi ! Une halte chez Profresco, à la fois poissonnier et restaurateur, est la bienvenue. Notre anniversaire de mariage a été bien fêté !!
Nous sommes sur une falaise et l’on va faire une sieste bien méritée au milieu de rochers tourmentés sur lesquels se fracassent les vagues de cette côte très prisée par les surfeurs.
Mais la journée n’est pas finie. Nous continuons plein sud, longeant le littoral afin de rejoindre Lisbonne où nous allons passer deux nuits.
Taxi, bus, métro et tram sont nos moyens de transport pour visiter cette agglomération immense.
Je signalerai juste une visite très particulière, faite avec Guy et Sophie, que nous avons retrouvés pour la suite du voyage. Il s’agit du palais Fronteira, du nom de la famille qui l’a fait construire et décorer au XVIIème siècle ; il est encore habité par la 12ème génération. Un festival de « azulejos », ces belles céramiques bleues et blanches, qui agrémentent les murs des escaliers et de presque toutes les pièces. Elles représentent des scènes de guerre (contre les Castillans bien sûr !), de chasse, de vie de tous les jours mais aussi de récits mythologiques ou légèrement érotiques …. Les jardins sont aussi de toute beauté.
Après cette journée de « repos », nous reprenons notre tracé, direction Evora, plein Est.
Nous nous arrêtons un peu avant la ville pour visiter les « cromeleques » dos Almendres ; ce sont des mégalithes érigés entre le Vème et le IIIème millénaire avant JC. Au premier site, un très beau menhir, tout seul au milieu des chênes verts.
Un peu plus loin un ensemble d’une quarantaine, de formes diverses. Guy nous permet d’évaluer la taille de ces stèles.
Etant tout près d’Evora, nous entrons dans cette ville superbement conservée avec ses remparts, son aqueduc et même des restes de temple romain en plein centre. Ce bourg a beaucoup de charme car s’y mêlent différentes cultures. On fera une halte gastronomique à la Pousada dos Loios.
Pour nous remettre de tout cela, nous n’allons pas bien loin et faisons bivouac au pied du village fortifié de Monsaraz, au bord du lac artificiel de Alqueva où nous piquons une tête avec grand plaisir, la chaleur étant revenue.
Le lendemain, un dernier petit Cromeleque où les menhirs sont disposés en carré.
Et maintenant, fini de jouer aux touristes ! A nous la piste !!! En principe pour 1000 km du Sud vers le Nord du pays, nous avons une semaine à notre disposition …..
Nous attaquons notre remontée du Portugal en suivant sa frontière Est avec l’Espagne. Pour la première journée, nous longeons un fleuve qui parfois prend des allures de lac, le Guadania. La piste serpente dans les collines couvertes de chênes liège sous lesquels pâturent des troupeaux de vaches.
Parfois, c’est à nous de trouver le chemin car certaines pistes de la carte ont disparu, bien souvent effacées par de nouveaux champs. Sans parler des autoroutes, voies ferrées et canaux qui barrent le passage ….
Nous arrivons dans un hameau totalement déserté ; on y voit les restes d’anciennes mines.
Ha j’oubliais, sans le vouloir, nous avons sillonné les ruelles très étroites de Elvas, afin de pouvoir sortir de ce bourg… Cela nous a permis de voir un superbe aqueduc romain mais aussi de passer sous des portes/tunnels en virage sans visibilité qui permettent de franchir le premier puis le deuxième rempart de cette belle ville fortifiée. A la dernière porte, on s’est aperçu qu’elles n’étaient pas à sens unique !!!
Nous poursuivons sur de belles pistes que je qualifierais plutôt de chemins, redevenons cueilleurs (mûres, figues à en attraper mal au ventre) et pouvons admirer des alignements immenses d’oliviers. Nous recherchons l’eau chaque fois que c’est possible.
Pendant une trentaine de kilomètres, nous roulons sur une crête, frontière entre le Portugal et l’Espagne. Il y a deux pistes parallèles que nous empruntons alternativement …
Nous ouvrons et fermons de nombreux portails à bestiaux mais parfois ils sont cadenassés. A ce moment là, il s’agit de trouver d’autres pistes qui nous permettront de rejoindre le tracé prévu. On y arrive toujours, surtout que nous ne sommes pas pressés ! Comme vous le verrez sur les photos, les systèmes de fermeture sont très variés, parfois nécessitant 3 personnes pour les ouvrir !
La montée vers le village fortifié de Marvao est épique ; l’entrée de la piste nous est interdite, nous continuons un peu plus loin et arrivons à la rejoindre par la bande …. Nous sommes alors sur une belle voie pavée parmi d’ancestraux chênes verts de toute beauté.
On débouchera finalement dans le village via le parking des services municipaux, heureusement, le portail pour sortir est ouvert … Très beau village, mais il y en a tant, on ne peut pas tous les visiter !
Quand nous sommes sur les hauteurs, le paysage est toujours magnifique..
Les pistes sont parfois roulantes mais jamais bien rapides car elles sinuent et ne sont pas larges ; d’autres sont très étroites, nous sommes enserrés par les murs de pierres sèches ou les mûriers dont on peut cueillir les fruits par la fenêtre (impossible d’ouvrir la porte !!!) et enfin, les plus impressionnantes parcourent des forêts d’eucalyptus et ont des montées et des descentes vertigineuses … on a l’impression de ne pas être bien loin de la verticalité . Enfin, il y a aussi des franchissements qui relèvent d’un bon savoir faire en 4X4.
Nous admirons les murets de pierres très photogéniques.
Nous finissons par rejoindre le Tage, grand fleuve qui se jette dans l’Océan au niveau de Lisbonne. Sur une piste étroite et fatigante pour les conducteurs, Jean-Louis nous fait une petite frayeur en mordant sur le bas-côté droit, côté ravin évidemment …. On se retrouve en dévers de façon assez désagréable pour le passager. J’arrive tout de même à m’extirper pour prendre la photo d’une situation dont on se sortira sans problème en reliant notre treuil à un arbre bien solide. Jean-Louis, resté au volant, rembobine le treuil en même temps qu’il accélère doucement.
On voit bien la roue avant gauche en l’air …
Nous passons à Almeida, belle ville fortifiée façon Vauban ; nous ne nous y risquons avec les 4X4 ; on a déjà donné !!!
Après ces émotions, notre piste serpente parmi les vignes dans les collines, le raisin est délicieux … Nous longeons le Tage un petit moment et traversons de beaux villages fortifiés dont les rues sont bien étroites ! Parfois Guy passe et nous pas, on se retrouve alors de l’autre côté du bourg ….
Tout à coup, notre belle piste est fermée par un portail cadenassé ; nous poursuivons dans une sente remplie de ronciers, déplaçons quelques rochers qui dérangent pour finalement « jardiner » une heure avant de faire demi-tour. Ce propriétaire terrien a totalement clôturé son territoire qui est très grand. Nous devons faire un grand détour pour retrouver notre trace.
Et c’est ainsi que notre remontée vers le Nord se poursuit, alternant champs et paysages dénudés, couverts de gros rochers. Encore 2 jours de piste et il faudra penser au retour.
Hé non, ce n’est pas encore le moment de nous reposer ! L’alternance de pistes nous propose de vrais franchissements, en montée ou en descente.
On va essayer ……
Un peu plus loin, un gué qu’il a fallu que je reconnaisse à pied.
Nous aurons bien eu de tout dans ce voyage ! Et on est prêts à recommencer !
En conclusion, c’est un très beau parcours que nous avons suivi pendant ces 9 derniers jours, majoritairement par les pistes, entre Monsaraz ( à peu près à la latitude de Lisbonne) et Braganza, où nous étions entrés le 28 août, tout au Nord Est du Portugal.